Macron et l'islam politique

Lors de sa conférence de presse du 25/04/2019, le président Macron a fustigé l' "islam politique" qui ferait "sécession" d'avec la République, et le "communautarisme", toujours musulman, bien sûr. Ce discours xénophobe et islamophobe risque de gêner fortement la campagne électorale européenne de LREM, campagne qui était supposée combattre le RN et le racisme identitaire de LR. Les propos islamophobes du président ne servent pas les intérêts de son parti et vont, a contrario, profiter à tout le reste de la classe politique. Les racistes, confortés, vont aller chez les identitaires du FN et de LR, et les non racistes, écoeurés, vont eux aussi aller voir ailleurs. Ces propos xénophobes risquent de provoquer une chute des Marcheurs dans les intentions de vote pour les prochaines élections européennes.

Plus largement, ce discours islamophobe légitime l'extrême droite partout, en France, en Europe et dans le monde. Les concepts d'"islam politique" et de "communautarisme" proviennent directement des ateliers idéologiques de l'extrême droite, tout comme celui de "grand remplacement". Dans les faits, la communauté musulmane est la communauté la moins structurée et communautarisée de France : elle a très peu d'écoles, très peu des grandes entreprises, très peu de banques, très peu d'organisations de défense, très peu de médias. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle est attaquée avec une telle violence. La faiblesse attire souvent l'agression. Ceux qui parlent d'islam politique veulent parler des musulmans en général et voire même des Arabes et des Noirs, que ceux-ci soient musulmans ou non. Il s'agit d'un discours raciste et haineux et non d'une défense de la République. Les musulmans sont moins communautaristes que les Corses, les Juifs, les protestants, les LGBT, les bourgeois, les catholiques, les fascistes et beaucoup d'autres. Ils sont très peu organisés et non communautarisés. Leur taux de mariage mixte est important. Ils sont victimes de persécutions étatiques constantes, en raison de la présence d'éléments racistes dans la classe politique du pays. Ils ne font pas sécession mais sont exclus de force de la société et du monde du travail. Ils sont beaucoup moins organisés de manière autonome que les autres communautés. 

C'est le discours islamophobe haineux qui menace la République et non un islam politique imaginaire. Alors que, durant la période 40-45, les fascistes et les réacs collaboraient avec le nazisme, des centaines de milliers de musulmans ont combattu le fascisme, par exemple à Monte-Cassino, entre autres. Durant l'histoire, les musulmans ont protégé les différentes minorités des zones qu'ils contrôlaient : ils n'ont pas de leçons à recevoir de la part de gens qui ont passé leur temps à expulser les musulmans et exterminer ou expulser les juifs et protestants.

Politiquement parlant, le discours islamophobe, d'inspiration buissoniste, ne fait que renforcer l'extrême droite et affaiblir la démocratie en France. Ce ne sont pas les musulmans qui organisent des attentats terroristes en France, mais les fascistes infitrés dans les services secrets qui, avec le concours des autres pays occidentaux, manipulent des délinquants pour leur faire commettre des crimes dont l'extrême droite est la seule à profiter.

Les gens ont voté pour LREM en 2017 pour se débarrasser des racistes fillonistes et mollétistes. Il ne faut donc pas que les Marcheurs déçoivent à leur tour leur électorat, sinon, ils finiront eux aussi par subir des déroutes électorales à répétition.